samedi 3 mai 2008

Sherlock House


Billet publié sur le blog Details Matter en avril 2008.

Quelque chose m’a toujours intrigué dans la série “Dr. House”. Je n’avais jamais réussi à mettre le doigt sur ce détail, ou plutôt sur cet ensemble de détails. Jusqu’à ce que je voie le dernier épisode de la troisième saison, diffusé la semaine dernière sur TF1.

Au cours de la séquence finale, le réalisateur nous montre Gregory House rentrer chez lui. La caméra reste à l’extérieur, puis effectue un lent travelling lorsque la porte se referme pour passer devant la fenêtre et nous permettre d’observer ce que fait House - il ouvre un colis qu’il vient de recevoir, mais l’intérêt n’est pas là.

Entre la porte et la fenêtre, la caméra passe devant le numéro de son appartement. C’est ce qui m’a soudain fait comprendre que cette série est en fait un long hommage à “Sherlock Holmes”, l’oeuvre littéraire d’Arthur Conan Doyle. Car ce numéro est le 221, référence directe à l’adresse de Sherlock Holmes à Londres, le 221B Baker Street.

Impossible, dès lors, de ne pas établir un grand nombre de correspondances à partir d’autant de détails qui laissent penser que “Dr. House” n’est, d’une certaine façon, qu’une adaptation joyeusement cinglée et dans le monde médical des enquêtes du plus célèbre détective de la littérature mondiale. Et que House est une sorte de réincarnation d’Holmes au XXIème siècle.

Les noms, déjà. House/Holmes. Les deux sont très proches. Le meilleur ami (le seul ami) de Gregory House s’appelle Wilson. Entre le Dr. Wilson et le Dr. Watson, il n’y a également qu’un pas. Les deux jouent d’ailleurs grosso modo le même rôle : celui de soutiens sans faille, sympathiques et dévoués à défaut d’être vraiment fûtés.

Ensuite, au niveau des caractères. House et Holmes sont deux génies misanthropes rejetant la compagnie du reste de la société, sûrs d’eux et pleins d’arrogance. Tous deux sont des toxicomanes : Holmes est accro à la cocaïne ; House à un médicament anti-douleur, la Vicodin. Et c’est seulement lorsqu’ils sont sous l’effet de ces produits qu’ils sont pleinement efficaces. Enfin tous deux sont des passionnés de musique, qui leur sert de refuge autant que de loisir. Sherlock Holmes pratique le violon. Gregory House joue de la guitare et du piano.

Dans leur façon d’enquêter, les liens sont nombreux. Le détective privé et le médecin avancent par déductions, qu’ils sont souvent les seuls à comprendre, aidés également par un sens incroyable de l’observation. On peut aussi très bien assimiler le reste de l’équipe de House aux policiers de Scotland Yard qu’Holmes prend sans cesse un malin plaisir à devancer et à rabrouer, même s’il arrive qu’ils l’aident - presque involontairement. Enfin, tous deux ne s’attachent pas à leurs clients/patients, ne les considérant que comme des cas, des énigmes à élucider. Une fois le mystère éclairci, ils rompent tout contact.

Cette multitude de correspondances aura sans doute sauté aux yeux de beaucoup de télespectateurs. Mon cerveau doit être plus lent ; il m’aura fallu ce lent travelling, après des dizaines d’épisodes, pour faire enfin le rapprochement. Il y a sûrement d’autres points communs, mais ceux-ci me semblent les plus évidents.

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