lundi 25 février 2008

The Black Eyed Peas - Monkey Business (2005)


Chronique publiée sur le site Abcdrduson.com en mai 2005.

Il y a un an et demi à peine sortait "Elephunk", troisième album du groupe The Black Eyed Peas. Ce disque marqua un tournant dans la carrière du groupe, non seulement en terme de ventes, mais aussi de formation, puisque la chanteuse Fergie venait compléter le trio originel composé de Will.I.am, Apl.de.ap et Taboo. Cette arrivée paraît essentielle, puisqu’elle apporta la touche r'n'b suffisante pour que les B.E.P voient s’ouvrir toutes grandes les portes des radios et puissent ainsi conquérir un public beaucoup plus large. Leur album et ses singles ('Where is the love ?', 'Shut up', 'Let’s get it started', 'Hey Mama') caracolèrent en tête des ventes et le groupe se lança dans une tournée mondiale. Aujourd’hui le groupe sort son quatrième opus, "Monkey Business", en conservant la même formation que sur le précédent. Le peu de temps écoulé entre ces deux albums peut laisser sceptique, faisant penser à une démarche plus opportuniste que véritablement artistique et musicale, d’autant plus que le premier single choisi, 'Don’t phunk with my heart', ne s’avère pas vraiment convaincant.

Pourtant, dès le premier morceau, les doutes et les interrogations se dissipent : les Black Eyed Peas sont là où on les attendait. Ils ont conservé la même énergie et s’en donnent à cœur joie en reprenant le 'Misirlou' rendu célèbre par Quentin Tarantino dans "Pulp Fiction". Et c’est l’ensemble de "Monkey Business" qui est animé de cette même envie, de ce même plaisir de faire de la musique. L’album est du début à la fin calibré pour les radios, avec ses refrains et ses gimmicks entêtants, ses tracks mélangeant raps rebondissants et refrains chantonnés. La composition même des morceaux les rend attrayants : Will.I.am, qui se charge de la quasi-totalité de la production de l’album, ne se contente pas de composer des beats agrémentés d’un ou deux samples mais fait, en plus de cela, intervenir la troupe de musiciens accompagnant le groupe en tournée. Ce travail est central car il participe grandement au dynamisme de ce disque. C’est dans cet esprit d’ouverture que réside la force du groupe : leur manière de rapper et d’orchestrer leurs morceaux est libre de tout carcan, et "Monkey Business" semble avoir été fait "au feeling", sans cadre préétabli, alors que l’ensemble forme en fait un tout assez carré. Les trois rappeurs et la chanteuse, ne s’imposant apparemment pas de limites mais semblant suivre leur instinct peuvent donc évoluer selon leur bon plaisir sur des instrus toujours entraînantes et chaleureuses. Et ce dynamisme ne se limite pas au studio puisque le groupe est aussi plaisant à voir évoluer sur scène qu’à écouter chez soi.

Au niveau des invités, les Black Eyed Peas ont également vu les choses en grand, conviant au fil de l’album James Brown, Justin Timberlake, Timbaland (qui signe la prod de 'My Style'), Q-Tip, Talib Kweli, Cee Lo, John Legend (réunis tous les quatre sur 'Like That') et Sting. Ce casting princier, s’il n’apporte concrètement pas grand-chose à "Monkey Business", en augmente pourtant le capital sympathie déjà conséquent. La complicité entre les différents membres du groupe est encore plus évidente que sur "Elephunk". Si Will.I.am reste incontestablement le leader, l’alchimie entre les rappeurs et la chanteuse est au rendez-vous, et cette dernière joue une fois de plus un rôle particulièrement important. Elle ne se contente pas de jouer les potiches mais apporte incontestablement une réelle fraîcheur au groupe à chacune de ses apparitions. Ainsi ses interventions sur 'Pump it', 'Don’t lie', 'Feel it' ou 'Disco club' sont de franches réussites et permettent aux morceaux de prendre une autre dimension.

Mais cette belle réussite musicale est entachée par la vacuité abyssale de ce qui constitue le fond de "Monkey Business" : les paroles. On aura beau chercher désespérément un texte intelligent ou au moins intéressant, il faudrait vraiment être indulgent pour en dénicher un. Les titres des morceaux se font le reflet de cette absence : 'Pump it', 'My Style', 'My Humps', 'Dum Diddly', 'Feel it', 'Disco Club', 'Ba Bump'... Le groupe ne ment pas sur la marchandise ! Il s’agit d’un album qui s’écoute sans se prendre la tête, qui met la patate quand on se lève le matin en ayant le cafard, qui parle au corps plus qu’à l’esprit. Il serait vain de chercher un autre usage à un tel disque : laissez votre cerveau de côté et laissez-vous guider, c’est tout.

Au final, "Monkey Business" s’apparente à ce que l’on pourrait appeler du "easy listening" : des musiques entraînantes influencées par de nombreux genres (rap, soul, funk, r'n'b, pop...), un groupe dynamique et complice au charisme certain, des textes creux et sans intérêt la plupart du temps. Cet album a donc tout pour faire un carton commercial. Le seul problème pour les Black Eyed Peas sera sûrement de sélectionner de futurs tubes dans cet album qui en est bardé.

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