lundi 25 février 2008

Guru - Version 7.0 : The Street Scriptures (2005)


Chronique publiée sur le site Abcdrduson.com en juin 2005.

Y a pas à dire, des fois, on a de sacrés a priori. L’annonce d’un nouvel opus solo de Guru n’était en soi pas spécialement enthousiasmante et excitante. L’inévitable face à face avec la pochette fut des plus désagréables et réduisit presque à néant le peu d’attente qui subsistait. Le mauvais goût de 50 cent ferait-il à ce point des émules, allant même toucher les old timers ? Guru prend une pose ridicule et quasi pathétique, arborant fièrement un marcel moulant ses pecs gonflés, des tatouages, une paire de lunettes de soleil, une casquette légèrement de travers et un air à la fois arrogant et provocateur. Tout cela n'annonçait rien de bon. C’est donc sans plus de motivation que cela que j’insérais "Version 7.0 The Street Scriptures" dans mon lecteur CD.

Comme pouvait le laisser supposer la pochette, cet album est gonflé d’ego, Guru rappelant dès qu’il en a l’occasion, comme beaucoup d’autres, sa longévité dans le rap game, et insistant sur les skills faisant de lui un emcee d’exception. Le refrain du morceau 'Hall of Fame' est à ce titre plus que significatif, Guru écrivant : "You need to put me in a hall of fame, I’m worldwide, a legend in this game". The Gifted Unlimited Rhymes Universal poursuit également la chasse aux wacks et à tout ce que le hip-hop compte de mauvais emcees et de suckers. Rien de bien nouveau sous le soleil donc, les autres thèmes abordés sortant très rarement de cette banalité : charge contre les "false prophets", descriptions de la "real life" et bons sentiments ("Feed the hungry, house the poor, we gotta save these babies and stop the wars" sur 'Feed the hungry') sont au menu. "The Street Scriptures" compte également son lot d’invités de marque : Jean Grae et Talib Kweli font ce qu’ils peuvent sur la production médiocre de 'Power, Money and Influence', B.Real s’en sort mieux sur l’assez bon 'Real Life', Jaguar Wright déçoit sur le très mielleux 'Talk to me'. Styles P et Doo Wop sont eux aussi de la partie, sur des morceaux anodins.

S’il n’a jamais été un emcee transcendant, Guru possède malgré tout un charisme certain. Sa voix et son flow restent posés, agréables à entendre même si certains lui reprocheront la monotonie de son ton. Mais il n’a pas non plus la capacité de faire oublier à l’auditeur une prod banale. Si la question se posait rarement au sein de Gangstarr, la qualité des sons délivrés par DJ Premier ne demandant pas à Guru de se surpasser, elle est ici essentielle. Car Solar n’est pas Primo. Il n’est en aucun cas un mauvais beatmaker, loin de là, mais il n’a, comme Guru au micro, rien d’exceptionnel. Il suffit pourtant que l’instru soit bonne pour que la qualité soit au rendez-vous. Ainsi, 'Hood Dreamin', 'Surviving the game' (avec son sample du 'Live and let die' de Paul McCartney), 'Hall of Fame', avec leurs samples de voix pitchées, sortent du lot, de même que 'Real Life', 'Kingpin' et 'What’s my life like ?'. Le reste de l’album est assez anecdotique, ni mauvais ni bon, juste moyen. Aucune horreur ne vient écorcher l’oreille mais la plupart des tracks laissent tout simplement indifférent, à part les quelques morceaux précedemment cités.

Le bilan est donc en demi-teinte. Guru n’est pas un mauvais rappeur, Solar pas un mauvais beatmaker et "The Street Scriptures" pas un mauvais album. Nous avons seulement affaire à un disque inégal, se laissant facilement écouter, mais de manière assez indifférente. Seuls quelques très bons morceaux comme 'Surviving the game' ou 'Hall of Fame' parviennent véritablement à attirer l’oreille. C’est dommage. "Version 7.0 The Street Scriptures" est juste un album de rap de plus.

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