mercredi 27 février 2008

Promoe - White Man's Burden (2006)


Chronique publiée sur le site Abcdrduson.com en janvier 2007.

Deux ans après "The Long Distance Runner", le MC suédois Promoe sort en septembre 2006 son troisième LP solo, "White Man's Burden". Précédé de deux maxis, "Songs Of Joy" et le magnifique "Headache", ce nouvel album s'annonçait une fois de plus à part, le leader de Looptroop préférant définitivement les chemins de traverse aux sentiers balisés.

Embee, au grand détriment de ses nombreux - tout est relatif - admirateurs, se fait une nouvelle fois rare. Ceux-ci apprécieront tout de même les trois sons qu'il livre ici, et en particulier le beau 'In The Morning'. Pourtant, sans le producteur attitré de son collectif, Promoe ne fait pas pâle figure. Entouré de son collègue de longue date DJ Large et de nouveaux venus comme Jimmy Ledrac ou Funky Loffe qui pallient l'absence de Break Mecanix, il explore de nouveaux univers sonores. Etonnant mais rapidement convaincant – bien qu'il faille parfois plusieurs écoutes pour que certains titres révèlent toutes leurs richesses – "White Man's Burden" n'en est que plus intéressant.

Après avoir collaboré avec les pointures jamaïcaines Anthony B, Bushman ou le groupe Ward 21 sur son précédent opus, Promoe fait ici appel aux services, entre autres, du géant Capleton pour approfondir la voie reggae/ragga empruntée sur "The Long Distance Runner". Ainsi, 'Songs Of Joy', 'Trapped', 'Identity Crisis', 'White Man's Burden' ou encore 'Time Travellin' sont dans cette même lignée. Elément révélateur, Chords, Timbuktu, Cos.M.I.C ou Supreme n'ont pas été conviés sur ce "White Man's Burden", et à l'exception de Leeroy du Saïan sur le puissant 'Eurotrash' – l'alchimie entre les deux artistes est d'ailleurs frappante – aucun featuring hip-hop n'apparaît ici.

Si Promoe délaisse souvent la forme rap classique dans laquelle il s'illustrait sur les albums de Looptroop et sur "Government Music", il dépasse également, cette fois-ci, les limites du reggae. Malgré quelques problèmes de reprise de souffle qui parasitent par moments l'écoute, il fait exploser toutes barrières - musicales et personnelles - en variant sans cesse les exercices. Imbibé de rap, de toast et de chant, différent d'un morceau à l'autre, son flow transforme deux belles productions mélancoliques de DJ Large en joyaux ('Up !' et 'Headache') tandis que le MC accompagne les refrains de 'Long Sleeves In The Summer' et de 'Post Cards', pour un résultat plein d'émotion. Ces choix artistiques associés à une prise de risques constante - tant d'un point de vue technique que dans l'arrangement des morceaux - font de ce disque une œuvre d'une ambition admirable. Il serait pourtant injuste et faux de laisser entendre que cet album n'est pas hip-hop : globalement plus mélodieux que les précédents, il fait cependant toujours la part belle aux raps et toasts rugueux, comme sur les nerveux 'Musick Bi$$ Apocalypse' et 'Identity Crisis'.

De manière encore plus flagrante que sur ses précédents disques, Promoe paraît sur "White Man's Burden" chercher à s'émanciper des limites d'un rap qui serait devenu trop étroit pour lui. Le résultat ? Un album d'une immense fraîcheur et un artiste dont l'évolution est une constante source d'enthousiasme. Bien sûr, "White Man's Burden" pourra par moments sembler peut-être trop ambitieux, et Promoe un brin laborieux, mais les quelques morceaux moins bons ne sauraient entacher la belle réussite que constitue ce disque. Ajoutez à cela quelques textes particulièrement bien écrits et vous obtenez une oeuvre essentielle.

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