mardi 26 février 2008

Seven Star - Alternate Invention (2006)


Chronique publiée sur le site Abcdrduson.com en décembre 2006.

A Miami il n'y a pas que des flics, des blondasses à gros nichons et des vieux sacs de peau séchée pleins de fric attendant la mort au soleil. La patrie de la "Miami Bass" compte aussi son lot de rappeurs. Pas mauvais d'ailleurs, et plutôt actifs ces derniers temps. Certains ont persisté (Pitbull), ont explosé (Rick Ross), ou alors se sont vautrés dans la luxure jusqu'à plus soif (Trick Daddy, Trina). D'autres, enfin, comme le groupe Mayday ou Seven Star, cherchent à faire entendre leur voix avec des disques de qualité, mais ne rencontrent qu'un faible écho.

"Envoûtant", "homogène" ; voilà les mots qui viennent à l'esprit à l'écoute d'"Alternate Invention", le second LP du MC portoricain Seven Star après "My Mother And Father Were Astronauts", paru en 2004 sur le label Counterflow Recordings. Dans un univers qui rappelle par moments le "Reflection Eternal" de Talib Kweli et Hi-Tek, tout concourt à cette impression de calme. Les productions, notamment : samples souvent adoucis par quelques effets créant une atmosphère nocturne et planante, lignes de basses feutrées, batteries légères, jamais envahissantes. Les rythmiques sont nettes, mais elles constituent le plus souvent le fond, l'essentiel restant la mélodie vaporeuse émanant des divers samples (pianos, voix, cordes, cuivres...). Si plusieurs producteurs – dont le Français Astronote, qui livre deux instrus de grande qualité - se partagent la conception des beats, à aucun moment la cohérence de l'album n'en pâtit.

Fatale ('Viuda Negra'), aimée ('Woman'), ou amante ('Eros'), la Femme est la figure de proue d'"Alternate Invention". Loin de se complaire dans le déballage cru propre à l'époque - et pas seulement au rap – Seven Star réussit le pari de parler de sexualité sans tomber dans la métaphore alimentaire ou/et animale ('Eros', pourtant explicite). Qu'elles soient introspectives ('The Missing', 'The Long Walk'), amères et lucides ('Friendshit') ou conquérantes ('Trojan Horse'), ses rimes sont à l'image de sa voix et de son style : limpides, fines et sensibles, tout en évitant le travers cul-cul timoré ; avec cependant une (très) petite réserve pour le flow, pas toujours irréprochable. En parfaite osmose avec les instrus, il traite de manière originale les thématiques abordées : doutes, religion, mort, père, amour...

Face à l'avalanche de bangers couillus et scarifiés affluant dans les bacs en cette fin d'année 2006, Seven Star détonne. Il livre avec "Alternate Invention" un très bel album, à la fois entraînant et envoûtant, épargnant à l'auditeur les effets secondaires du dernier Cunninlynguists, "A Piece Of Strange", trop souvent soporiphique.

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